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Projet d’innovation pédagogique :

Développement transversal des compétences sociales en gestion

Présenté par Marlei Pozzebon et Luciano Barin Cruz

Le développement des compétences pour une meilleure gestion sociale et environnementale des entreprises et des communautés devient un aspect très important dans le curriculum des écoles de gestion du XXI siècle. Nous présentons et décrivons dans ce document une innovation pédagogique développée par deux professeurs de HEC Montréal. Il s’agit d’une démarche structurée (Annexe 1), qui vise le développement des compétences chez les étudiants de gestion vers une meilleure gestion sociale et environnementale des entreprises et des communautés. Le projet mobilise un concept émergeant – le « social business » (Annexe 2) – et intègre une dimension internationale, puisqu’une partie des activités pédagogiques se déroule dans une région en développement.

Trois caractéristiques innovatrices : des activités pédagogiques transversales, longitudinales et à caractère d’immersion dans une communauté.

Notre projet pédagogique est innovateur par sa thématique et dynamique, mais aussi par ses caractéristiques : il s’agit d’un projet longitudinal et transversal, impliquant deux services d’enseignement (affaires internationales et management), quatre programmes (BAA, DESS, MBA et MSC) et un grand nombre d’étudiants par année : environ 340 étudiants sont touchés dans la dimension transmission des concepts, 39 dans la dimension apprentissage par expérience et 6 étudiants développent leurs mémoires ou projets supervisés sous la supervision des deux professeurs.

  1. Transversalité concernant les services d’enseignement. Les thèmes abordés dans ce projet pédagogique – responsabilité sociale des entreprises,  développement durable, développement social et local et « social business » – sont intrinsèquement multidisciplinaires, amenant l’implication de plusieurs services d’enseignement. Depuis les deux premières années de notre projet, deux services sont impliqués – affaires internationales et management – mais d’autres pourraient se joindre à notre initiative dans les prochaines années.
  1. Transversalité concernant les programmes. L’objectif de développer des compétences sociales chez les étudiants de gestion s’applique à tous les programmes, que ce soit au premier, deuxième ou troisième cycle. Notre projet pédagogique touche quatre programmes pour le moment : BAA, DESS, MBA et MSC. Nous pouvons classifier cette implication selon deux dimensions principales :
  • Dimension « transmission de concepts et réflexion » : dans un ensemble de cours offerts aux programmes BAA, DESS, MBA et MSC, les deux professeurs impliqués font la dissémination des concepts reliés au développement des compétences sociales chez les étudiants.
  • Dimension « apprentissage par l’expérience » : l’activité centrale de ce projet est la réalisation d’un campus international annuel dans une région en développement (cours offert au BAA et à la MSC) : « Faire des affaires responsables dans les pays émergents ». Ce qui distingue ce campus international est son caractère d’immersion et l’interaction intense avec une communauté locale. Les étudiants doivent entrer en contact et faire une collecte de données auprès de la population locale afin de bien comprendre un problème social, et de proposer un plan d’affaires comme produit final de son campus. En management, ce type d’expérience pédagogique s’insère dans le concept de « service learning », très valorisé au sein de la publication Academy of Management Learning & Education, c’est-à-dire une activité pédagogique avec un double objectif : développer les compétences sociales des étudiants à travers la prestation d’un service à la société/communauté (Brower, 2011)
  • Les deux dimensions décrites ci-dessus ont eu comme conséquence l’implication d’un certain nombre d’étudiants intéressés par la thématique dans des projets de mémoires et de projets supervisés (MSC) et d’autres projets de recherche appliquée (MSC et DESS).
  1. Transversalité temporelle : Notre projet est longitudinal, nous avons déjà deux ans d’activités séquentielles, et nous voulons donner une continuité au projet dans les années à venir.

 Une autre façon de voir le projet : le savoir, le savoir-faire et le savoir-être.

  1. 1.      (Savoir) Le projet propose une autre façon d’organiser le savoir : Notre projet pédagogique vise à montrer aux étudiants de différents niveaux de HEC Montréal qu’ils possèdent des connaissances pouvant être mises au bénéfice des entreprises et de la société. Nous leur présentons la notion de « social business » comme un concept intégrateur d’une multitude de concepts traditionnels en gestion, mais avec un objectif final de résoudre un problème social. Ce concept est utile autant dans les pays développés (contexte auquel ils sont plus habitués) comme dans les pays en voie de développement (contexte qui gagne en importance dans l’économie mondiale et qui est moins connu de nos étudiants).
  1. 2.      (Savoir-faire) Comment développer le savoir-faire : Au cœur de notre projet, nous avons l’immersion des étudiants de HEC pendant deux semaines dans une communauté d’une région en développement (dans les campus 2010 et 2011, le village de Jericoacoara, situé au nord-est du Brésil).
  1. a.      À la première année (2010), après une formation d’une semaine touchant des thèmes tels que le développement social et la responsabilité sociale des entreprises, 21 étudiants de BAA et MSC sont entrés en immersion dans le village pour la réalisation d’un diagnostic des causes d’un problème ciblé avec la population locale – la gestion des déchets. En plus de réaliser un diagnostic en profondeur, les étudiants devaient rendre comme travail final un plan d’affaires avec des pistes de solution pour la question de la gestion de déchets (plan d’affaires qui a été traduit en portugais et livré à la communauté locale). L’annexe 3 présente quelques témoignages des étudiants de la cohorte 2010.
  2. b.      À la deuxième année (2011), et avec le bénéfice du travail réalisé par les étudiants de la cohorte antérieure, 18 étudiants de BAA et MSC ont donné suite à l’élaboration du plan social. Après une semaine d’interactions avec l’association locale, les autorités publiques, les commerçants et la population en général, les étudiants devaient se consacrer à l’élaboration d’un plan pour un « social business » visant à concevoir une solution faisable pour la gestion de déchets. Les étudiants ont visualisé la construction d’un social business autour d’un projet d’un jardin communautaire dont le compost ainsi que les fruits et légumes pourraient être vendus. Ils sont allés « vendre » le projet à la communauté (qui devrait être le porteur du projet) et aux autorités publiques. En revenant du Brésil, tous ensemble, ils ont préparé un projet complet pour le développement de ce « social business » (stratégie de communication et sensibilisation, comment commencer le projet, comment le gérer une fois commencé). Le plan a été traduit et, cette fois-ci, sera le point de départ d’un projet concret, en cours de réalisation. L’annexe 4 présente quelques témoignages des étudiants de la cohorte 2011.
  3. c.       Dans les prochains mois, l’association de Jericoacoara acceptera comme stagiaire deux étudiants de MSC de HEC Montréal qui aideront la mise en œuvre de ce projet de social business.
  1. (Savoir-être) Former des gestionnaires responsables et des citoyens du monde : Nous considérons que ce type de projet transversal et de long terme représente une excellente opportunité pour nos étudiants en gestion de développer une conscience plus large du rôle des gestionnaires à une échelle internationale. Notre projet pédagogique expose les étudiants à un contexte international et en développement, ils sont invités à travailler en équipe pour la réalisation d’un mandat concret.

References 

Brower, H.H. (2011). Sustainably Development Through Service Learning: Pedagogical Framework and Case Example in a Third World Context. Academy of Management Learning & Education, Vol.10, No.1, 58-76.

Godfrey, P.C; Illes, L.M. and Berry, G.R. (2005). Creating Breadth in Business Education Through Service-Learning. Academy of Management Learning & Education, Vol. 4, No. 3, 309–323.

Lester,S.W.; Tomkovick C.; Wells T.; Flunker L. and Kickul J. (2005). Does Service-Learning Add Value? Examining the Perspectives of Multiple Stakeholders. Academy of Management Learning & Education, vol.4, no.3, 278-294.

Sail, R.M and Alivi, K. (2010) Social skills and Social values training for future k-workers. Journal of European  Industrial Training, Vol. 34 No. 3, 226-258.

Annexe 1

Le tableau 1 décrit visuellement la démarche structuré en différentes activités articulées.

https://gestionetcompetencessociales.files.wordpress.com/2011/08/figure.pptx

Dimension apprentissage par l’expérience :

– Cours BAA & MSC 2-031-09 Campus international Brésil : Faire des affaires responsables dans les pays émergents : Été 2010 et été 2011

Dimension transmission des concepts et réflexion :

– Cours MSC 6-011-06 Gestion des transferts internationaux de technologie : Hiver 2010 et 2011

  • Travail final : sélection d’une technologie québécoise de gestion de déchets visant leur transfert vers un pays en développement.

–  Cours BAA 2-448-07 Corporate social responsability : Hiver 2010 et 2011

–  Cours MSC 6-414-11 Gestion, développement durable et responsabilité d’entreprise : Automne 2010

–  Cours MBA Managing for sustainability : Été (P9) 2010

–  Cours DESS 4-403-06 Responsabilité sociale des entreprises : Hiver 2010 et 2011

–  Cours MBA 5-415-08 Gestion et développement durable : Hiver 2010 et Été 2010

–  Cours MBA 5-465-08 Managing for sustainability : Été 2010

Dimension projets supervisés et mémoires  :

–  Projet 1 – MSC : Leonid Coloma – Prospection des technologies québécoises pour la gestion de déchets.

–  Projet 2 – MSC : J-E Jean-Emmanuel Poitras – La responsabilité sociale d’entreprise stratégique dans le contexte du « bas de la pyramide » : le cas de Coelce au Nordeste du Brésil. (2011). Codirection Marlei Pozzebon et Luciano Barin Cruz.

–  Projet 3 – (MSC : Charlotte Marchesseault) – La commercialisation de l’artisanat local à l’international: le cas « Mundo Jeri »

–  Projet 4 – (MSC : Henriette Mgog) – Le social business en Afrique : le cas de  StartShea au Ghana

–  Projet 5 – (MSC : Marie-Eve Lacombe)  – La sensibilisation des communautés locales dans le contexte des pays en voie de développement : le cas des jardins communautaires à Jericoacoara (Brésil)

–  Projet 6 – (DESS cours-projet : Joe (Joseph Khoury)) –  La mise en place d’un social business au Mali : un jardin communautaire.

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